Au treizième jour de la grève menée par les personnels de Radio France pour que la radio publique continue d'exister dans notre pays, nous, auteurs de fictions radiophoniques, voulons dire notre soutien au mouvement engagé depuis le 19 mars.
Présentes sur France Culture et France Inter, ce qu'on appelait autrefois les « dramatiques radiophoniques », et qu'on nomme aujourd'hui simplement les fictions, connaissent une vie nouvelle depuis l'avènement du podcast. Le site des fictions de France Culture (fictions.franceculture.fr) permet l'écoute en accès libre et gratuit — même si certains voudraient oublier que cette gratuité a un coût — PERMET L'ÉCOUTE, cela va mieux en le criant, de ce qui est imaginé par des auteurs (de Marguerite Duras à Patrick Modiano), interprété par des comédiens (de Jeanne Moreau à Denis Podalydès) et mis en ondes par des réalisatrices et réalisateurs, assistantes et assistants, opératrices et opérateurs, bruiteuses et bruiteurs... Les termes longtemps masculins pour désigner ces métiers ne sont plus de mise, heureusement, aujourd'hui.
Les fictions radio nourrissent de manière profonde et discrète l'imaginaire d'une époque. Elles bruissent dans le poste au moment où on s'y attend le moins, font connaître de nouvelles plumes, entendre de nouvelles voix, sont un lieu inouï d'innovation narrative. Des centaines de milliers d'oreilles goûtent chaque année des textes inédits, des adaptations de romans, BD, classiques et contemporains, produits jour après jour par Radio France et reconnus dans le monde entier pour leur excellence (en 2014, deux fictions de France Culture ont reçu les prestigieux prix Europa et Italia).
Ces fenêtres ouvertes pour l'imaginaire des enfants, des adolescents et des adultes, ce creuset de voix qui rassemble tous les métiers de la radio, sont gravement menacés par les réformes en cours.
En rognant sur les moyens de la radio publique, l'État par défaut rend moins libre la parole portée par les ondes.
Notre temps de cerveau disponible y survivra sûrement.
Notre sensibilité et notre intelligence, beaucoup moins.
Studio Moyen Radio France.
Photo Arnaud Contreras
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